Voici ma sélection commentée des couvertures de comics que j’ai bien aimées cette semaine.
Amazing Spider-Man (2018-) No.78
Arthur Adams est un de mes artistes préférés et les deux vidéos que j’ai consacrées à ses sketchbooks ne sont sans doute pas les dernières occasions que j’aurai de parler de mon admiration pour son travail. Cette couverture, en apparence très simple, est un petit condensé de plusieurs choses que j’aime particulièrement dans le style d’Adams. On y retrouve tout d’abord son talent pour représenter les monstres (ici le vampire Morbius), avec une posture adaptée creepy à souhait, des mains griffues d’une perfection absolue et un faciès grimaçant, à la fois inquiétant et un peu cartoon. On note aussi son incroyable acharnement méthodique à représenter les ombres à base de petites hachures parfaitement maîtrisées, donnant immédiatement toutes les informations nécessaires sur l’éclairage de la scène (que la colorisation gâche un peu, selon moi). Enfin, cette cover rappelle qu’Arthur Adams n’a peur de rien : ni d’adopter un angle en contre-plongée complexe, ni de prendre le temps de dessiner chaque brique, chaque fenêtre, des immeubles environnant. Bref, une nouvelle preuve, s’il en était besoin, qu’il est un des meilleurs dessinateurs de comics encore en activité.
Ninjas & Robots No.10
Changement total d’ambiance avec la couverture de cette série (qui m’était inconnue) par Erik Klaus (qui me l’était tout autant). Ici, les traits semblent lâchés sur la page et totalement livrés à eux-mêmes. Leur épaisseur varie de manière chaotique, sans forcément donner d’information sur les volumes. Ils se croisent et s’entrechoquent et nous perdraient parfois si nous n’avions pas la couleur. Et les designs semblent très irréguliers, entre une jeune femme assez réaliste au premier plan et une autre, au second, au corps complètement déformé et irréel. Et pourtant… J’aime le chaos graphique de cette couverture. Avec son énergie brute, son côté « dessin de fanzine fait main », son approche graphique évoquant pêle-mêle le street art, Paul Pope, Jamie Hewlett (dessinateur / artiste de Gorillaz) et les comics indépendants et trash des années 80, cette cover propose quelque chose d’unique dans le paysage actuel et semble être la sale gosse de la classe. Bref, un petit ovni qui m’a charmé par sa folie.
Batman: The Imposter (2021) No.2
Si je ne contexte pas le talent d’Andrea Sorrentino en matière de composition et de storytelling, j’avoue être parfois circonspect devant ses dessins. Il semble, en effet, se reposer un peu trop sur des photos qui ne semblent pas retracées à l’encre mais juste passées au filtre Photoshop permettant de booster les contours noirs. Cela me parait être ici le cas avec cette rosace d’église un peu trop parfaite et précise derrière Batman. Mais malgré ça, j’ai retenu cette couverture car elle propose au final une qualité graphique globale indéniable. Tout d’abord, Sorrentino créé un contraste intéressant en superposant un Chevalier Noir très stylisé (notamment la cape et les chauves-souris) et, justement, le décor photoréaliste. De plus, le traitement en deux couleurs – somme toute classique – est ici habilement nuancé par des effets aquarelles sur la cape et des ombres légères. Les petites touches de blanc viennent finir le travail et donner au final, à cette couverture, un look qui attire indéniablement l’œil.
I Am Batman (2021-) No.3
Encore un artiste que je ne connaissais pas : Gerardo Zaffino signe ici une couverture dont la simplicité n’a d’égale que l’efficacité. Avec son Batman massif et aux aguets, il évoque l’approche de Sean Gordon Murphy, notamment avec son jeu massif d’ombres et sa façon de faire descendre la cape en ligne droite. Il a la bonne idée de le positionner dans une structure à la fois réaliste et design, à base de gros traits noirs suggérant l’enchevêtrement métallique d’un escalier de secours. Enfin, le fond rouge et son léger dégradé viennent soutenir l’ensemble, de façon classique certes, mais indéniablement appropriée, notamment car ils font ressortir le regard du Chevalier Noir. Bref, cette dépiction du justicier de Gotham fonctionne en lui donnant un look de prédateur inquiétant, sans passer par l’habituel imagerie gothique.
Man-Bat (2021)
Kyle Hotz est un des meilleurs dessinateurs pour tout ce qui est horrifique et monstrueux. Avec ses anatomies ultra-tendues, ses jeux d’ombres magnifiques et son sens poussé du détail, cet illustrateur passe souvent sous le radar des lecteurs, faute d’avoir été sans doute sur des séries marquantes. Faites cependant une petite recherche Internet sur son nom et vous allez découvrir une galerie de créatures toutes plus superbes les unes que les autres ! Ses couvertures pour cette mini-série consacrée à Man-Bat ne font pas exception et sont toutes des petits bijoux de précision. Ombres ciselées, texture de poils finement rendue, tensions de la chair et des ailes à son maximum : tout y est pour offrir une image puissante et iconique de l’alter-ego inquiétant du professeur Kirk Langstrom. L’image est ici en plus sublimée par les couleurs d’Alejandro Sanchez qui respectent l’ambiance du dessin tout en ajoutant encore plus de volume aux formes. Seul petit regret : que Kyle Hotz ne signe pas les pages intérieures de la série, même si le talentueux Sumit Kumar (These Savage Shores) assure forcément à ce poste.
We Have Demons (comiXology Originals) No.2
Le tandem Greg Capullo (dessins) et Jonathan Glapion (encrage) n’a plus grand chose à prouver depuis leur run sur Batman. Ils retrouvent ici Scott Snyder – leur scénariste sur le justicier de Gotham – pour une série en creator-owned lancée en numérique sur Comixology. Mais même si on peut saluer l’incroyable travail sur les musculatures du démon, sa pilosité affolante et la montagne au fond, j’ai surtout trois (mauvaises) raisons de retenir cette couverture : 1) le design du titre et du cadre de contour est plutôt original ; 2) la jeune héroïne au premier plan semble bien faire un doigt pour sortir la lame de son gant ; 3) le démon à une énorme moustache ! Une moustache ! Rien que pour ça, cette couverture méritait d’être connue…
Voici donc ma sélection. Et vous, quelles sont les couvertures que vous avez aimées cette semaine ?