Best of covers – Semaine du 1er novembre 2021

Voici ma sélection commentée des couvertures de comics que j’ai bien aimées cette semaine.

American Vampire 1976 (TPB)

Rafael Albuquerque fait partie de ces artistes aussi talentueux que discrets. Loin d’être une superstar du comics, il est cependant largement reconnu pour style remarquable, qui allie tout à la fois un certain réalisme du dessin et un découpage dynamique très graphique. Œuvrant sur pas mal de titres DC Comics (sur les couvertures ou les pages intérieures), il a été surtout remarqué dès ses premières planches sur la série AMERICAN VAMPIRE. Son style m’a, au départ, beaucoup fait penser à celui Francis Leilnil Yu, avec son encrage épais, son goût du détail et ses personnages aux visages magnifiques. Mais je trouve qu’au fil des années, cet artiste brésilien s’en est éloigné et a développé une esthétique qui lui est propre, que ce soit sur son All-star Batman, son creator-owned Ei8ht ou sur son titre du Millarworld, le très touchant HUCK. Cette couverture est d’ailleurs extrêmement représentative de sa capacité à faire du stylisé avec du dessin presque photographique. La moto est ici parfaitement rendue dans le moindre détail (la photo retravaillée est cependant fortement suspectée compte tenu des effets sur le phare et le moteur) et son pilote (qui a un petit air de Johnny Blaze, le premier Ghost Rider de Marvel) est quant à lui ramené à sa plus simple expression, avec de gros aplats de noir et un travail minimaliste mais superbe sur les reflets de son costume. Enfin, cette épure s’applique aussi au choix des deux seules couleurs, parfaitement associées, avec ce rouge omniprésent très en lien avec le sujet.

(crédits : DC Comics)

Carnage : Black, White & Blood

Poursuivant dans la tradition graphique du Wolverine de la même série, Marvel offre au sinistre Cletus Kasady et à son alter-ego Carnage, une anthologie en noir, blanc et rouge. A première vue, cette couverture paraitrait presque banale, une énième représentation du symbiote psychotique la gueule bien ouverte. Mais c’est la talentueuse Sara Pichelli qui la signe et on ne peut qu’admirer sa maitrise technique dans son rendu très organique de la texture du monstre. J’ai particulièrement aimé la complexité des filaments qui s’entrecroisent sur le visage et les discrets mais efficaces effets de reflets blancs qui apportent tout le volume au dessin. Par le côté « rough » des contours et des formes, l’artiste traduit parfaitement la chaotique frénésie du personnage et souligne ainsi sa sauvagerie et son caractère imprévisible. Bref, c’est simple mais efficace.

(crédits : Marvel Comics)

Harley Quinn the animated series – N°03

Si vous suivez ce blog, vous avez dû comprendre que je suis assez client des styles cartoon. Je trouve qu’ils ont parfaitement leur place dans les comics, y compris de super-héros. Je garde donc un œil chatoyé sur ce comics adapté de la série animée récemment consacrée au Dr Harleen Quinzel car j’ai immédiatement accroché aux designs et à l’énergie des personnages dessinés par Max Sarin. Appuyée par un formidable travail de colorisation, cette couverture repose tout autant sur son habile composition (les fleurs guidant le regard vers les deux amoureuses) que sur la finesse des expressions des visages (les formes des yeux sont particulièrement réussies car traduisant bien la personnalité de chacune au regard de la situation). Cerise sur le gâteau : Max Sarin est aussi dessinateur sur une série autour de laquelle je tourne depuis longtemps, Giant Days, ce qui m’a encouragé à franchir le pas et à la commencer.

(crédits : DC Comics)

Human Target – N°01

Greg Smallwood est un artiste qui s’est fait remarquer récemment lors de son passage sur Moon Knight (le run de Jeff Lemire). Son style se situe dans la veine « noir réaliste » de dessinateurs comme le regretté John Paul Leon (Earth X chez Marvel ou le récent Batman : créature de la nuit) et Paul Azaceta (Outcast avec Robert Kirkman). Il semble cependant enclin à pousser un peu plus l’expérimentation graphique, notamment en stylisant ses compositions et ses décors au maximum. Ici, il propose une couverture très pop, évoquant les illustrations de magazines des années 50-60. Dans la veine de Darwyn Cooke pour ses adaptations de Parker, il use de coups de pinceaux / crayons bruts, proches de l’esquisse, comme le faisaient les stylistes de mode. Il ne sacrifie pas pour autant le réalisme de son dessin et capture parfaitement le visage du héros, dont le photoréalisme attire l’attention. Ce qui est d’ailleurs un joli paradoxe quand on sait que le personnage a pour aptitude de prendre l’identité de n’importe qui… Enfin, je vous laisse deviner à qui appartiennent les mains menaçantes sur la gauche. Un indice : ils ont tous été membres de la Justice League / Justice League international de l’époque de Keith Giffen / J.M. DeMatteis / Kevin Maguire.

(crédits : DC Comics)

Kull: The Vale Of Shadow (1989) No.1

Encore un comics dont je ne connais rien (j’ai une vague notion de qui est le personnage de Kull mais c’est tout) et qui, en plus, est sorti sous le label Max de Marvel en 1989 sans que je le vois passer. Mais à l’occasion de sa sortie en numérique, je me suis immédiatement arrêté sur cette couverture signée Doug Beekman et Ken Lopez. On ne va pas se mentir, ce n’est pas tous les jours qu’on tombe sur une cover de comics qui a fait l’objet d’un tel travail de peinture. Sans vouloir offenser Alex Ross, Gabriel del’Otto et d’autres, ce type de rendu sent bon l’époque des pulps et des Savage Sword of Conan ! Avec son ambiance bleutée, son crâne spectral en fond et son incroyable jeu de lumière sur les deux personnages enlacés, cette œuvre est fascinante par sa pureté graphique et par sa composition dramatique de la scène. Quel dommage que le graphisme du titre soit aussi laid et inadapté !

(crédits : Marvel Comics)

Voici donc ma sélection. Et vous, quelles sont les couvertures que vous avez aimées cette semaine ?