Les dessinateurs des comics du Millarworld – Partie 01

En 2004, le scénariste écossais Mark Millar est au top de sa notoriété. Il vient d’enchainer en effet un ensemble de succès critiques et publiques, chez DC (avec le Elseworld « Superman : Red son » et la reprise de « The Authority » après Warren Ellis) et chez Marvel (avec le lancement de « Ultimate X-Men » et surtout de « The Ulimates »). Il en profite alors pour lancer sa propre compagnie / label baptisée modestement MILLARWORLD. Sous cette bannière, il va fédérer plusieurs comic books en « creator-owned » qu’il scénarisera et dont il partagera les droits avec l’artiste choisi.

Publiées chez différents éditeurs (Dark Horse, Top Cow, puis Icon de Marvel, et enfin Image), ces mini-séries bénéficieront d’adaptions cinématographiques qui viendront donner au label un côté « bankable ». Au point qu’en août 2017, Millar annonça que Millarworld avait été racheté par Netflix qui comptait y puiser de la matière première pour de futurs contenus, Millar continuant à y lancer des projets servant apparemment de « prototypes » à des séries ou films à venir.

Le label propose ainsi un florilège de dessinateurs superstars (Romita Jr, Immonen, Leinil Yu, Coipel, Gibbons, Parlov, Gordon Murphy, Capullo, etc) qui provoque à chaque fois une certaine impatience à l’annonce de chaque projet. Mais force est de constater que, en dépit de la hype suscité, ces artistes ne livrent pas toujours leur meilleur travail. Ce dossier vous propose donc mes petites reviews graphiques de chaque titre.

SOMMAIRE partie 01


WANTEDJ.G. Jones

KICK-ASS 1,2,3, The New Girl – John Romita Jr

NEMESIS – Steve McNiven

SUPERIOR – Leinil Francis Yu

SUPERCROOKS : Leinil Francis Yu

SECRET SERVICES – Dave Gibbons


WANTED – J.G. Jones (dessin, encrage) – Paul Mounts (couleurs)

wanted - vignette
Wanted – Une couverture réalisée par Marc Silvestri, fondateur du studio Top Cow

Sortie en 2003, cette mini-série en 6 épisodes donne immédiatement le ton de ce qui va caractériser une bonne partie des titres du Millarworld : un ton irrévérencieux, de la violence, un « high concept » facile à identifier (même si pas forcément très original) et un agencement savant de scènes d’action over-the-top et de séquences dialoguées bien écrites mais parfois trop conscientes d’elles-mêmes.

Visuellement, J.G. Jones ne se montre pas aussi virtuose que sur sa précédente série BLACK WIDOW chez MARVEL mais il livre tout de même des pages dynamiques, faisant la part belle au réalisme des décors et accessoires. S’il peine parfois à conserver la cohérence des visages (notamment parce qu’il essaie de les calquer sur les traits d’Eminem et Halle Berry), il chorégraphie plutôt bien les gunfights avec des cases où le temps se suspend et où les angles sont variés et originaux.

WANTED - J.G. Jones
Wesley Gibson prend les armes et la confiance.

On pourra cependant regretter un encrage qui manque parfois de finesse et des couleurs de Paul Mounts un peu ternes et souvent surchargés d’effets numériques inutiles. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à lire mon analyse complète de plusieurs pages de la série.

WANTED apparait donc comme un œuvre graphiquement de qualité mais très marquée par les travers de son époque au niveau de la colorisation. Ce n’est pas le meilleur job de J.G. Jones mais son talent y est indéniable.


KICK-ASS (1,2,3, the New Girl) – John Romita Jr (dessin) – Tom Palmer (encrage, lavis de gris) Dean White (couleurs)

Débuté en 2008, l’univers de Kick-Ass s’est considérablement étendu au-delà des 8 épisodes de la première mini-série. Outre son succès initial, le comics a aussi été boosté par la popularité du film du même nom (développé conjointement mais en parallèle par le réalisateur Matthew Vaughn). S’ensuivirent Kick-Ass volume 2 (en 7 épisodes), le spin off sur Hit-Girl (5 épisodes), Kick-Ass volume 3 (8 épisodes) et enfin Kick-Ass : the new girl, un reboot/sequel en 8 épisodes. Hit-Girl bénéficia aussi d’autres mini-séries ou one-shot avec d’autres artistes que Romita Jr.

A première vue, retrouver sur ce titre le génial dessinateur vétéran de Marvel (Spider-Man, Daredevil, Uncanny X-Men, Thor, Iron Man) paraissait une évidence. Même si certains n’apprécient pas l’évolution de son style de plus en plus carré et simplifié, John Romita Jr a su prouver qu’il maitrisait la représentation des milieux urbains avec Spidey et DD et qu’il savait chorégraphier des combats réalistes et brutaux (comme dans « Daredevil L »Homme sans peur » réalisé avec Frank Miller.).

Et Kick-Ass lui donne de nombreuses occasions de montrer qu’il excelle dans l’ultra-violence cartoonesque du titre, tout en rendant crédible et réaliste l’environnement quotidien des personnages. Pourtant, j’avoue que même si je suis un grand fan de l’artiste, je trouve qu’il est un peu en pilote automatique sur ces mini-séries.

Outre des difficultés à dessiner des visages de jeunes gens qui ne virent pas à la caricature étrange, il joue souvent un peu trop la carte de l’économie de traits. L’anatomie de ses personnages (pourtant top sur ses anciens comics) est ici parfois ratée, notamment pour Hit-Girl. Il se cantonne aussi à une « ligne claire » très esquissée et laisse le soin à Tom Palmer d’apporter du volume à ses formes à travers de jolis lavis de gris, globalement bien compléter par la palette de couleurs de Dean White (même si parfois, ce dernier en rajoute un peu trop).

Pourtant, force est de constater que John Romita Jr conserve son talent pour des découpages clairs, dynamiques ou fluides pour les scènes de dialogue. Son storytelling parait toujours naturel et il sait comment raconter l’histoire visuellement sans se reposer sur les dialogues ou captions. Cela ne parait pas toujours suffisant pour les lecteurs mais cela permet à Kick-Ass le comics de rivaliser parfois en énergie avec Kick-Ass le film, notamment dans les scènes où le jeune Dave Lizewski tombe sur plus fort que lui. N’hésitez pas à lire mon analyse complète de plusieurs pages de la série pour mieux voir pourquoi j’oscille entre satisfaction et déception à la lecture de cette série.

Kick-Ass n’est sans doute pas le meilleur boulot de John Romita Jr et peut sembler parfois dessiné trop rapidement. Mais les planches traduisent le dynamisme et le réalisme nécessaires au récit donc ces séries méritent le coup d’œil.


NEMESIS – Steve McNiven (dessin et encrage) – Dave McCaig (couleurs)

Le costume de Nemesis est aussi blanc que son âme est sombre.

Dire que NEMESIS était attendu est un euphémisme. Millar y renouait tout d’abord avec son artiste de l’event CIVIL WAR de MARVEL (avant de le retrouver plus tard sur le curieusement célèbre OLD MAN LOGAN). Il avait présenté le concept comme un « Batman maléfique« , soit un criminel alliant la folie meurtrière du Joker à l’intelligence et aux moyens financiers de Bruce Wayne. Mais au final, Nemesis est, selon moi, un des scripts les plus paresseux de Millar.

En seulement 4 épisodes, Millar raconte peu de choses, multipliant les scènes d’action délirantes et les tirades arrogantes de son personnage principal. Les cliffhangers sont faciles et il en fait des caisses pour rendre le tout « edgy » et cruel (il ajoute, sans raison, une femme portant son bébé dans la trajectoire d’un avion s’écrasant sur un camion citerne !). Sa maitrise technique est certes toujours là et on peut saluer une conclusion pas inintéressante. Mais son sens de la provocation juvénile ne fait pas toujours mouche et surtout, il peine à nous créer un quelconque attachement à ses personnages, malgré un twist pas mal trouvé.

Nemesis et sa prise d’otage spectaculaire

Le sauvetage de la mini-série tient donc beaucoup aux dessins de Steve McNiven. Si ce dernier n’égale pas ses pages de Civil War (il ne bénéficie pas ici de l’encrage précis et solide de Dexter Vines ni des couleurs subtiles de Morry Hollowell), il ne minimise pas ses efforts pour illustrer les idées folles de son scénariste. En témoigne ce crash spectaculaire d’Air Force One en pleine ville que McNiven découpe habilement en cases « format scope » pour en montrer toute l’ampleur apocalyptique. Son découpage est d’ailleurs plus que jamais cinématographique sur cette mini-série où il privilégie les cases 16/9ème ainsi que les perspectives et la profondeur de champ. Il prend aussi le temps (mais le script l’y invite) de découper en détails les combats sur plusieurs pages.

Si les décors sont efficaces mais un peu minimalistes, Steve McNiven soigne cependant les visages de ses protagonistes. Il est particulièrement habile pour donner une dimension très réaliste et expressive aux hommes et femmes qu’il croque souvent en gros plan. Cette maitrise du « jeu d’acteur » de ses personnages donne tout son sel au criminel-titre. Alors que son costume est tout en épure de couleurs et de détails, Nemesis reste fascinant visuellement grâce à deux détails graphiques : tout d’abord, il n’a jamais d’ombre noire sur lui ce qui en fait une forme quasi-fantomatique. De plus, McNiven travaille le bas de son visage (et notamment ses lèvres) pour y traduire la cruauté, la moquerie ou le sadisme dont il faut régulièrement preuve.

Nemesis n’est sans doute pas l’histoire la plus intéressante du Millarworld ni une claque visuelle permanente. Mais Steve McNiven rend justice à des scènes d’action inspirées des blockbusters hollywoodiens les plus débridés.


SUPERIOR – Leinil Yu (dessin) – Gerry Alanguilan, Jason Paz, Jeff Huet (encrage) – Dave McCaig / Sunny Gho / Javier Tartaglia (couleurs)

La même année que Nemesis, Mark Millar offre cette fois-ci un super-héros positif dans le titre Superior, fortement inspiré de Superman (le comics est dédié à Christopher Reeves et Richard Donner) et du Captain Marvel / SHAZAM de DC comics (et anciennement de Fawcett Publications). Sur un scénario relativement prévisible mais bien structuré, Millar suit le destin du jeune Simon Pooni, fortement handicapé par une terrible maladie, mais qui va se voir exaucer son vœu de devenir son super-héros préféré : SUPERIOR. Mais ce qui commence comme un fantasme de lecteur de comics va vite devenir un problème à la suite d’un twist un peu forcé mais pas trop mal amené.

Avec ce titre, Mark Millar (qui a écrit longuement Superman chez DC dans le titre adapté de la série animée) se frotte de nouveau au mythe du surhomme providentiel et essaie d’en tirer une fable humaniste sur l’acceptation des épreuves de la vie. Si l’intention est louable et le résultat globalement plaisant, on ne peut pas dire que l’histoire innove plus que ça. Mais on peut noter que l’œuvre pourrait avoir servi d’inspiration à des films comme Man of Steel (pour son combat dantesque ravageant une ville entière) ou encore Shazam (pour le passage où Simon teste ses nouveaux pouvoirs avec son meilleure ami.). L’histoire semble cependant avoir le cul entre de chaises, essayant tout à la fois de capter un certain optimisme suranné des comics de Superman mais aussi de confronter cet archétype au monde moderne (ex : le passage avec la guerre en Afghanistan).

Mais comme pour tous les comics du Millarworld, 50% de l’intérêt vient de la partie graphique. Ici, c’est la superstar Leinil (Francis) Yu qui épuise ses crayons sur des séquences spectaculaires imaginées par le scénariste. Et le moins qu’on puisse dire et qu’il ne s’épargne aucun détail dans de nombreuses cases représentant la ville, les explosions ou les combats du SUPERIOR. Epaulé par son regretté et excellent encreur Gerry Alanguilan (décédé en 2018), Leinil Yu tire le maximum du script de Millar. La scène avec la station orbitale tombant sur Terre est particulièrement réussie et tout l’affrontement final est rempli d’images que Zack Snyder semble avoir étudiées attentivement.

Mais comme toujours avec cet artiste, je n’ai pu m’empêcher de tiquer face à son jonglage permanent entre ultra-réalisme et simplification grossière. En effet, on constate fréquemment que Leinil Yu est capable, dans une même page, de dessiner un visage superbement détaillé et crédible pour après en bâcler trois autres dans la case suivante, en les réduisant à quelques traits esquissant à peine leurs caractéristiques. Et cette alternance se retrouve aussi dans les décors ou les costumes et anatomies des personnages.

superior - alternance de qualité
Des visages parfois réalistes et parfois baclés

SUPERCROOKS – Leinil Yu (dessin) – Gerry Alanguilan (encrage) – Sunny Gho (couleurs)

Le Ocean’s Eleven des super-vilains

Co-écrit avec Nacho VIGALONDO, SUPERCROOKS est une version light et courte du film Oceans’s Eleven, à la sauce super-vilains. Le récit est condensé en 4 épisodes qui déroulent sans grande surprise la trame classique à laquelle on s’attend : 1) La motivation du braquage ; 2) Le recrutement de l’équipe ; 3) La préparation ; 4) l’exécution du casse ; 5) Le twist ou truc qui donne l’impression que cela va rater ; 6) La climax ; 7) L’épilogue. On aurait pu s’attendre à ce que Millar corse un peu la recette ou modifie un peu la formule. Mais il n’en est rien. Le récit est linéaire, les personnages prévisibles et la « cool attitude » empruntée à Danny Ocean et son équipe ne se cache même pas.

On peut cependant sauver deux choses : quelques séquences violentes et gores plutôt bien trouvées (le passage dans le tunnel de lasers est marrant) et surtout, la qualité des pages livrées par le trio Yu / Alanguilan / Gho. Ici, l’équipe conserve ce qui faisait la force des planches de SUPERIOR (découpage dynamique, décors détaillés et réalistes, profondeur de champ, réalisme des visages) mais améliore ce qui était moins bien.

Un magnifique design mixant Captain America et The Guardian de DC

Globalement, le dessin parait plus régulier, mieux équilibré dans son alternance de détails et d’épure. Les cases ne paraissent jamais faites à la hâte et il n’y a plus ces simplifications approximatives de personnages dans les arrière-plans. L’encrage et la gestion des ombres se font plus subtils, avec un trait plus fin, plus élégant qui valorise très bien les détails.

La colorisation fait, elle aussi, un bond qualitatif. Les nuances des dégradés se mêlent avec douceur, notamment sur la peau des personnages. Les volumes sont mieux suggérés et la palette globale allie parfaitement les couleurs flashy des costumes et les teintes plus réalistes des décors.

Une bonne branlée par un super-héros violent !

Les scènes d’action sont percutantes et rendent compte efficacement de la violence des coups et blessures. On pourra regretter que Leinil Yu se concentre plus souvent sur la mise en exergue d’une image choc que sur la fluidité des enchainements des chorégraphies. Mais c’est son style de découpage et cela reste lisible et agréable à l’œil.

En conclusion, Supercrooks est un comics qui, sur le fond, repose sur le style classique d’écriture de Mark Millar et sur une idée qui fait très « pitch facile pour producteur hollywoodien ». En revanche, ce titre est beaucoup plus intéressant visuellement et on regrette que l’histoire n’ait pas donné plus d’opportunités au trio d’artistes de nous en mettre davantage plein les yeux.

THE SECRET SERVICE – Dave Gibbons (dessin) – Andy Lanning (encrage) – Angus McKie (couleurs)

Ce comics est souvent perçu comme celui ayant inspiré le film « Kingsman » de Matthieu Vaughn. Mais en fait, le réalisateur a co-écrit en parallèle de Mark Millar sa propre version à partir d’une histoire conçue conjointement par les deux hommes. Il en ressort de nombreux points communs (le concept général, l’arme du bad guy, la découverte de l’organisation d’espionnage anglaise) et beaucoup de différences. Et, pour ma part, le scénario final de Vaughn me parait bien plus intéressant, abouti et divertissant. Car comme pour ses titres précédents, Millar semble ici dérouler son « high concept » sans forcément chercher à en creuser son univers, au-delà de ses références faciles à James Bond.

Là où Vaughn développe davantage le contexte de l’agence Kingsman et la « philosophie » de ses agents, Mark Millar reste dans le périmètre classique du MI-6 vu et revu dans les aventures de 007. Si la structure de l’histoire est globalement équilibrée et classique dans le parcours du héros, le comics n’offre aucune des séquences d’action folles du film… alors que le medium permet tous les délires pour pas cher !

Une scène violente mais trop figée ?

On pourrait se dire alors que le plaisir va venir de retrouver Dave Gibbons aux dessins. Le co-auteur de WATCHMEN n’a plus à prouver sa maitrise technique et des titres comme THE ORIGINALS ou MARTHA WASHINGTON ont permis de voir qu’il excellait dans des représentations réalistes de situations, lieux et personnages. Le style de Dave Gibbons a été biberonné au classicisme d’illustrateurs et de dessinateurs des décennies précédentes. L’artiste dépeint frontalement ce que les scripts lui dictent, ne reculant devant aucun décor complexe, aucun machinerie de SF, aucune scène de foule… Gibbons, c’est aussi une texturisation très marquée (notamment dans les volumes des muscles des personnages) qui le rapproche de dessinateurs comme Jerry Ordway ou Dave Stevens. Et même si avec THE ORIGINALS, il semblait s’être orienté vers une ligne un peu plus claire, ses planches demeuraient tout de même fouillées.

Or, ce n’est pas vraiment ce niveau de qualité et d’investissement qu’on retrouve sur THE SECRET SERVICE et je ne pense pas que cela soit dû au fait qu’il soit encré par Andy Lanning à partir de l’épisode 2. Dès le numéro 01, on comprend que les pages sont moins riches que celles de ses œuvres précédentes. Les décors sont efficaces mais réduits à l’essentiel et la caractérisation des personnages demeure d’une grande simplicité. Au point qu’il est parfois difficile d’en différencier certains.

Eggsy a un visage très changeant…

Certes, l’ensemble est illustré avec professionnalisme et réalisme. Mais il y a, selon moi, deux limites majeurs à ce comics qui font qu’on ne peut pas le classer dans le haut du panier graphique du Millarworld (alors qu’il aurait pu et dû y être). Tout d’abord, la représentation des visages des protagonistes est souvent problématique voire incohérente. Eggsy, le personnage principale, ne possède pas de traits qui ne rendent reconnaissables et parfois, il semble même beaucoup plus vieux ou différents d’une case à une autre ! A tel point que, dans une scène où il est en costume sombre comme son oncle / espion, il faut les distinguer en se basant sur leurs cravates ! Cette inconsistance est vraiment gênante mais surtout inattendue de la part d’un artiste comme Gibbons si doué d’habitude avec les visages.

Mais le second point qui pénalise cette mini-série est son manque de dynamisme dans le découpage. Là où le film de Matthew Vaughn a su proposer des séquences innovantes et ahurissantes de gunfights (la scène de l’église demeure une référence), le comics, lui, est vraiment mou du genou. Il semble, à l’inverse du film, enfermé dans une représentation très retro de l’action, évoquant la mollesse de certains Bond. Alors oui, le style de Gibbons est ainsi, un peu figé dans ses postures de personnages ou dans ses cadrages. Et le fait que Millar ne lui donne pas de scènes inventives exploitant, par exemple, la topographie des lieux explique aussi sans doute cette impression de « faux-spectaculaire ». Le climax est d’ailleurs d’une platitude consternante par rapport au film.

THE SECRET SERVICE donne donc la sensation que Dave Gibbons livre un boulot de commande honnête mais sans inspiration. Son style classique colle au contexte réaliste de l’histoire mais se contente de l’illustrer sagement, sans forcer. Dommage car le film a prouvé que le sujet permettrait d’innover davantage sur le fond et sur la forme.

Une version plus gore de la traditionnelle poursuite à ski des James Bond !

Voilà, ainsi s’achève cette première partie d’un long dossier que je vais consacrer aux comics du Millarworld. Je vous donne rendez-vous en février 2023 pour la seconde partie ! D’ici là, n’hésitez pas à me dire en commentaires ce que vous pensez de ces titres et évidemment, à partager pour faire connaitre ce modeste blog ! Merci !!


A SUIVRE

Partie 02 (à venir)

  • MPH – Duncan Fregedo :
  • JUPITER’S LEGACY – Frank Quitely
  • STARLIGHT – Goran Parlov
  • JUPITER’S CIRCLE – Wilfredo Torres
  • HUCK – Rafael Albuquerque
  • CHRONONAUTS – Sean Gordon Murphy

Partie 03 (à venir)

  • EMPRESS – Stuart Immonen
  • REBORN – Greg Capullo
  • THE MAGIC ORDER 2 – Olivier Coipel
  • SHARKY THE BOUNTY HUNTER – Simone Bianchi
  • SPACE BANDITS – Matteo Scalera
  • CHRONONAUTS – FUTURESHOCKS – Eric Canete

Partie 04 (à venir)

  • PRODIGY – Rafael Albuquerque
  • KING OF SPIES – Matteo Scalera
  • PRODIGY – THE ICARUS SOCIETY : Matteo Buffagni
  • NIGHT CLUB – Juanan Ramirez
  • NEMESIS RELOADED – Jorge Jimenez
  • BIG GAME – Pepe Larraz

Liste de mes analyses détaillées des comics du Millarworld