Green Arrow : Year One – Jock

Je vous propose aujourd’hui un nouveau format qui me permettre de vous présenter non pas un mais trois comics, et donc trois styles graphiques, autour d’une même thématique.

Et pour commencer, quoi de plus normal que de s’intéresser au concept des « Year One », soit des récits qui racontent la première année d’activité d’un super-héros. DC comics étant l’éditeur le plus prolifique en la matière, j’ai retenu trois de ses mini-séries : Green Arrow : Year one (2007), Robin : Year one (2000-2001) et évidemment le célèbre Batman : Year one (1987). Et c’est l’Archer d’Emeraude qui ouvre le bal.

L’histoire

Cette mini-série en 6 épisodes raconte les événements fatidiques qui vont transformer le playboy irresponsable Oliver Queen en Green Arrow, l’archer à conscience sociale de DC Comics.

Green Arrow : Year one (©DC Comics)

Trahi et laissé pour mort sur une île hostile et isolée, Queen va devoir survivre et faire face à des menaces à la fois nouvelles et personnelles. L’histoire sera d’ailleurs reprise en grande partie dans la première saison de la série ARROW, lors de séquences flashbacks revenant sur les origines du héros.

L’équipe derrière ce titre se compose du scénariste Andy Diggle (Hellblazer, Daredevil, Thunderbolts) et de son complice de la série The Losers, le dessinateur Jock (Batman – Black Mirror, Wytches). Les couleurs sont, quant à elles, signées David Baron.

Green Arrow : Year one (©DC Comics)

Un style anguleux et minimaliste

Le style graphique de Jock n’est certainement pas de ceux qui fédèrent des louanges unanimes. L’artiste propose, en effet, un dessin aux traits anguleux, presque schématiques, dont l’épaisseur ne semble jamais d’une réelle indication sur les volumes des formes.

Green Arrow : Year one (©DC Comics)

Donnant très souvent l’impression d’avoir été jetées à la hâte, ses lignes composent bien souvent des cases sans profondeur et des silhouettes à peine esquissées. Les visages ne sont pas non plus toujours réussis, voire reconnaissables, d’une case à l’autre.

L’ensemble manque aussi cruellement de détails ou d’effets pour suggérer les textures. Quant aux décors et backgrounds, ils brillent bien souvent par leur absence. Au final, on passe de cases nous offrant le « minimum syndical » pour comprendre l’action à d’autres encore plus dépouillées, à la limite de l’abstraction.

Green Arrow : Year one (©DC Comics)

Des jeunes ombres difficiles à comprendre

Un autre point qui m’a interpellé dans ces planches concerne l’utilisation que Jock fait des ombres. Au départ, je me suis dit qu’il posait ses grands aplats de noir pour signifier l’obscurité de la nuit ou l’implacable force du soleil régnant sur cette île tropicale.

Green Arrow : Year one (©DC Comics)

Mais au fur et à mesure, j’ai noté de nombreuses incohérences et ai fini par me dire que Jock disposait en fait ses ombres pour créer un effet purement graphique (et dramatique) dans ses images.

Bien sûr, il n’est pas le seul à adopter cette approche. Eduardo Risso (100 bullets, Moonshine) se joue aussi souvent des sources de lumière pour placer ses ombres en fonction de ce qu’il trouve intéressant graphiquement. Mais je trouve que cela marche mieux chez lui que chez Jock car Risso créé au final des compositions plus équilibrées en noir et blanc.

Green Arrow : Year one ©DC Comics

Une certaine efficacité dans le storytelling

Je ne peux donc pas dire que je sois tombé amoureux du trait de Jock. Mais pourtant, je me suis surpris à avancer dans le récit facilement et même à m’arrêter quelques secondes parfois pour examiner l’agencement des cases.

Green Arrow : Year one (©DC Comics)

Car le storytelling de Jock demeure efficace malgré la simplicité de son dessin. Ses cadrages sont souvent bien trouvés, les enchainements sont clairs et il sait donner du rythme et amplifier l’impact avec des effets très simples.

Green Arrow : Year one (©DC Comics)

Je me suis donc rendu compte que ses pages fonctionnaient presque comme un storyboard dont les cases auraient été réagencées pour faire une BD. On ne s’y attarde pas pour y admirer l’art mais on entre sans effort dans la narration.

Le minimalisme devient alors un atout pour fluidifier la lecture et dynamiser les scènes d’action, même si les nombreuses captions et bulles viennent un peu freiner tout cela.

Green Arrow : Year one (©DC Comics)

En conclusion

Green Arrow : Year one ne rejoindra pas pour moi le panthéon graphique de DC Comics mais a, tout de même, attisé ma curiosité concernant le style de Jock. Je pense donc poursuivre l’exploration de son art séquentiel en attaquant Batman : Black Mirror et en relisant Wytches.

Prochainement >> ROBIN : YEAR ONE >>