Superman – Whatever happened to the man of Tomorrow ? – Curt Swan

En septembre 86, DC Comics publie le numéro 423 du titre Superman et le présente comme « l’historique dernier épisode ». L’éditeur s’apprête en effet à relancer le personnage sous la plume et les crayons de John Byrne, dans le fameux reboot baptisé « The Man of Steel ».

Mais dans la tradition des histoires imaginaires qui ont souvent fait leur apparition dans les précédentes décennies de publication de Superman, cet épisode propose un récit ultime qui viendrait proposer une sorte de conclusion au Kryptonien tel qu’il était représenté dans le silver age.

Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)
Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)

Pour réussir ce tour de force, il fallait une équipe d’exception. Et c’est indéniablement le cas ici, puisqu’on retrouve le génial Alan Moore au scénario, l’incroyable Curt Swan au dessin et l’immense George Perez à l’encrage et aux finitions.

Cette alliance est d’autant plus brillante qu’elle permet d’associer le dessinateur le plus emblématique du Superman des années 60 avec deux artistes (Moore et Perez) qui ont su, dans les années 80, puiser dans les fondations du comic book pour les moderniser sans jamais leur manquer de respect.

Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)
Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)

Le résultat final est donc un récit doux-amer, rempli d’émotions justes et subtiles, traitant avec sérieux les aspects les plus délirants du silver age et magnifiant aussi la poésie naïve des récits de cette époque.

Un classique incontournable que je ne me lasse jamais de relire, même si je comprendrais qu’il rebute des lecteurs plus habitués aux récits modernes.

 Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)
Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)

Mais revenons à ce qui nous intéresse ici, la représentation visuelle de Superman.

Curt Swan a toujours dépeint Kal-El sous un angle très réaliste. Sa musculature n’est pas exagérée et il semble massif sans être trop impressionnant.

Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)
Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)

La force du personnage n’en est alors que plus extraordinaire, je trouve, car elle n’est pas induite par des bras ou un torse disproportionnée mais par les simples actions surhumaines qu’il réalise.

De plus, Curt Swan donne à Superman un visage très adulte, mature, alliant à la fois des critères classiques de beauté masculine de l’époque (comme les yeux bleus et la mâchoire large) et des éléments qui trahissent le côté old school du personnage (comme cette coiffure avec une jolie raie de côté bien stricte et cette fameuse mèche en S).

Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)
Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)

Inutile de préciser que cette représentation est sans doute une des plus canoniques de Superman mais je trouve aussi qu’elle a pour mérite de traduire parfaitement l’iconisation immortelle du personnage et son caractère vintage indéniable.

L’autre force de Curt Swan est sa dépiction des expressions faciales.  Variées, précises et jamais caricaturales, elles contribuent à donner un côté très humain aux protagonistes les plus fantaisistes et renforcent l’émotion du récit.

Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)
Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)

On pourra noter parfois des petites asymétries dans les visages mais qu’on pardonne facilement quand on sait que l’artiste avait déjà plus de 65 ans…

Pour le reste du style graphique, on est dans les fondamentaux de l’époque. Le storytelling est clair, rythmé mais manquera sans doute, pour les lecteurs modernes, d’impact et de puissance dans les scènes d’action.

Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)
Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)

Les designs des personnages, décors et accessoires trahissent aussi leur époque. La technologie avancée sent bon la SF des années 60 et les costumes des héros et vilains sont aussi simples que colorés.

Mais on sent que Georges Perez a fait un important travail sur les détails et la texturisation, ce qui a permis d’élever les pages au niveau graphique attendu à l’époque de sa parution.

Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)
Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)

« Whatever happened to the man of Tomorrow ?” est  donc un comics de facture classique en apparence mais qui se révèle, scénaristiquement et graphiquement, un magnifique pont entre deux époques, un hommage moderne à l’histoire de Superman et un chant du cygne aussi touchant que réjouissant.

Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)
Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)
Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)
Superman : whatever happened to the man of tomorrow (DC Comics)