Best of covers – Semaine du 15 novembre 2021

Voici ma sélection commentée des couvertures de comics que j’ai bien aimées cette semaine.

Enigma: The Definitive Edition

Cette couverture est celle de la réédition en album de Enigma, une série culte mais peu connue des années 90. Ecrite par Peter Milligan (X-Statix) et dessinée par Duncan Fregedo (Hellboy : l’appel des ténèbres), c’est une histoire plutôt adulte mettant en scène les aventures d’un jeune homme un peu paumé qui va se lancer dans une croisade délirante après avoir découvert que les héros de ses comics d’enfance ont pris vie dans le monde réel. Difficile de passer à côté de l’esthétisme incroyable de cette cover : dessin réaliste mais parfaitement épuré, traits en ligne claire complétés d’aplats évoquant le style de Mike Mignola et une composition habile autour de la cape du héro masqué. Tout y respire l’inventivité graphique de Fregedo qui a su faire évoluer son style depuis son passage sur Hellboy vers une forme de stylisation du plus bel effet. Attention cependant, le dessin des pages intérieures n’a rien à voir avec ce style graphique : bien que signé du même artiste, il y est plus brut, chargé de coups d’encre furieux et chaotiques, dans la veine de nombreux titres Vertigo de l’époque.

Enigma: The Definitive Edition
Enigma: The Definitive Edition

Guardians Of The Galaxy by Al Ewing Tome 3: We’re Super Heroes

Cette couverture est signée Brett Booth, un dessinateur qui a éclos au sein du studio Wildstorm dans les années 90. Il y créa et dessina notamment les aventures de Backlash, un des rares personnages de cette époque dont j’aimais le design. Booth se fit notamment remarquer par sa capacité à donner des pauses dynamiques à la Spider-Man, ce qui lui permit sans doute de faire un cross-over entre son héros et le célèbre monte-en-l’air). L’artiste restait cependant dans la « charte graphique » de Jim Lee. Il fût d’ailleurs souvent moqué comme « imitateur maladroit » de ce dernier alors que j’ai toujours trouvé qu’il se rapprochait plutôt de Ron LIM, notamment au niveau des visages. A noter que l’artiste a apparemment traversé une période difficile post-Wildstorm, son style très marqué 90’s ne suscitant plus d’intérêt chez les éditeurs. Heureusement, le NEW 52 de DC va lui permettre de revenir à des pages mensuelles sur divers titres. Depuis, il a navigué chez VALIANT et MARVEL, pour laquelle il signe cette troisième partie d’une couverture mettant en scène la vaste nouvelle équipe des Guardians of the galaxy. Même si la composition demeure classique, j’ai aimé retrouver le sens du détail de l’artiste et son superbe travail sur les textures du casque de Nova, du blouson de Star-Lord et de l’écorce de Groot. L’agencement des personnages est habile et permet à l’ensemble de rester équilibré, tout en donnant à chaque personnage une pose dynamique. Parfois, cela suffit à mon bonheur.

Guardians Of The Galaxy by Al Ewing Tome 3: We're Super Heroes
Guardians Of The Galaxy by Al Ewing Tome 3: We’re Super Heroes

Kang The Conqueror (2021) No.4 (sur 5)

Mike del Mundo est un artiste complet qui signe toujours le dessin, l’encrage et la colorisation de ses couvertures et planches. Loin de tout photoréalisme, il opte souvent pour un graphisme ultra coloré, plein de fantaisie et de fantasy (il faudra que je vous parle un jour de son superbe run sur Elektra). Si parfois son découpage est difficile à lire, il sait construire des ambiances uniques, éclairant ses scènes avec subtilité et jouant même parfois avec des effets de « focale » pour donner l’impression de flou en arrière plan. Ses œuvres ne ressemblent jamais à aucune autre et son style graphique est donc aisément reconnaissable. Pourtant ici, la construction épurée, la posture calme du personnage de Kang et les couleurs moins flashy qu’à l’habitude m’ont mis le doute quant à la paternité de la couverture. Mais au final, on retrouve bien ses incroyables jeux de lumière, son sens aigu du design (avec ce vaisseau horloge incroyable) et son goût pour l’expérimentation (avec ce très bel effet de texture rugueuse en fond).

Kang The Conqueror (2021) No.4 (sur 5)
Kang The Conqueror (2021) No.4 (sur 5)

King Spawn No.4

Pendant quelques secondes, j’ai cru que Jae LEE était revenu à son style graphique de l’époque de NAMOR et j’ai été « joie et bonheur » (car oui, je suis un des rares à avoir aimé à l’époque). Mais cette couverture a été créée, en fait, par le tout aussi talentueux Jason Shawn Alexander dont je vous ai vanté les qualités dans ma critique de Killadelphia. Il livre ici une couverture féroce, brutale, où l’encre semble s’être répandue comme le sang, éclaboussant la page pour qu’on y distingue les traits emblématiques du rejeton le plus connu de Todd McFarlane, le King Spawn. J’aime particulièrement la façon dont il utilise le blanc pour simuler une forte lumière qui éclaire en contre-plongée le personnage et permet, au passage de faire ressortir les chaines noires, réduites à leur plus simple expression mais diablement efficaces.

King Spawn No.4
King Spawn No.4

Conan The Barbarian (1970-1993) No.163

Ernie Chan (de son vrai nom Ernesto Chan) était un artiste sino-arméricain né en juillet 1940 et qui nous a quitté en mai 2012. Je le connaissais vaguement de nom et avais vu quelques dessins par-ci par-là mais j’avoue être un peu passé à côté, faute de lire les séries sur lesquelles il a pas mal œuvré (Conan, Red Sonja, Kull, POwer Man & iron Fist). Difficile de ne pas penser à John Buscema quand on voit cette couverture, tant la musculature et les traits marquant cette dernière rappelle le style du maitre. Et pour cause : Chan a fait ses classes auprès du célèbre artiste dans les années 70 et a été son encreur, ainsi que celui de son frère Sal. Il a ensuite travaillé longuement chez DC Comics (notamment sur Claw the Unconquered, une autre série d’heroic fantasy et aussi sur Batman) et est même devenu un des principaux cover artist de la maison de Superman. Le talent d’Ernie Chan ne fait pas de doute même si on peut légitimement trouver son style très classique et marqué 70’s. L’image de cette couverture m’a séduite par la puissance qui se dégage de la posture et de l’anatomie de Conan, ainsi que par le travail au trait des volumes et des textures de la peau de bête. C’est simple, mais c’est beau.

Conan The Barbarian (1970-1993) No.163
Conan The Barbarian (1970-1993) No.163

Voici donc ma sélection ! Et vous, quelles sont les couvertures qui vous ont plu cette semaine ?