Shang-Chi – Battleworld : Master of Kung Fu – Dalibor Talajic

Cette mini-série en 4 épisodes est écrite par Haden Blackman, illustrée par Dalibor Talajic, encrée par Goran Sudzuka et colorisée par Miroslav Mrva. Elle prend place dans le monde patchwork créé par Doctor DOOM lors de l’événement MARVEL appelé SECRET WARS (Jonathan Hickman / Esad Ribic). Cette remise sur le devant de la scène de Shang-Chi était plutôt inattendue. Elle permet surtout aux auteurs de créer un monde mêlant fantasy et arts martiaux, et de réinventer pour l’occasion de nombreux personnages connus.

Une jolie mais discrète réinvention de l’univers Marvel

Dans le pays mystique de KUN’LUN, plusieurs écoles d’arts martiaux se sont autrefois affrontées ne laissant que ruines et sang derrière elle. Pour empêcher que cette situation ne se reproduise, il a été décidé que l’Empereur régnant sur ces clans serait désormais le maître sortant victorieux du tournoi des Treize Chambres. Organisé tous les 13 ans, les représentants des principales écoles (The Panther Clan, the Spider Cult, The Hall of Atlantis, etc.) s’y affrontent pour le titre de Maitre du Kung Fu. Ce dernier est actuellement détenu par Zheng Zu du Clan des 10 anneaux. Mais un étrange vagabond, souvent alcoolisé, nommé Shang-Chi va venir bouleverser l’ordre établi.

Kung Fu Pandalagueule (oh ça va, faut bien vivre…)

Ma critique graphique

[ATTENTION AUX SPOILERS DANS LES IMAGES]

Cachée au beau milieu de l’immense « event » de 2012, cette mini-série aux multiples références semble être passée relativement inaperçue au milieu de la pléthore de titres sortie à l’époque. Et c’est bien dommage car l’univers qu’elle propose est vraiment original. Je me demande même s’il n’a pas inspiré à MARVEL STUDIOS l’idée de donner aux 10 ANNEAUX DU MANDARIN une connotation d’école d’arts martiaux chinoise.

C’est toujours le pied de voir la Main. (oui, c’est festival, aujourd’hui.).

La proposition de l’équipe graphique est, quant à elle, parfaitement adaptée à l’histoire. Le trio d’artistes arrive aisément à donner vie et cohérence à cet univers. Cela se traduit tout d’abord par des décors crédibles et spectaculaires, dont l’architecture reprend évidemment des influences asiatiques mais aussi des éléments plus médiévaux. Il n’y a pas de doute sur le fait que le monde de Kun’lun est avant tout un univers de fantasy.

Appartement spacieux, vue dégagée, quelques marches…

Les costumes et les designs des personnages sont eux aussi bien pensés. Certains sont des réinventions de designs de héros connus, comme IRON FIST ou MOON KNIGHT. Loin du spandex habituel des super-héros, Dalibor Talajic opte pour des tenues évoquant plus des vêtements traditionnels que des costumes iconiques. Cela renforce encore plus l’ambiance « film d’arts martiaux » de la série et permet de s’éloigner un peu plus du genre phare de Marvel.

Oh attention, ça va trancher.

J’ai aussi beaucoup apprécié l’expressivité des visages et particulièrement pour Shang-Chi dont la personnalité, au départ désinvolte, transparait facilement dans ses échanges avec les autres protagonistes.

Le chien a fait toutes ses cascades, apparemment.

Bien évidemment, les postures martiales et les combats sont variés et soignés. Certains enchaînements sont plutôt bien trouvés et les gestes font très naturels.

J’ai tout de même regretté que l’artiste n’ait pas davantage joué sur le découpage de l’action pour traduire la vitesse ou la complexité des affrontements. La lisibilité est là mais cela manque souvent d’impact et de dynamisme.

Ce petit bémol est cependant compensé par deux réussites graphiques intéressantes  :

– tout d’abord, chaque épisode s’ouvre sur des récits en flashback qui sont illustrés avec un trait très stylisé, se voulant une évocation des peintures traditionnelles chinoises… même si cela m’a fait davantage penser aux anciens dessins japonais, notamment par les formes de visages et les traits de contours noirs.

Mais les artistes n’ont pas essayé ici d’être parfaitement fidèles aux anciens arts picturaux et ont surtout tenté de reproduire la sensation de lire des illustrations couchées en aplat sur des rouleaux. Et ils s’en sortent plutôt bien à mon avis, notamment grâce à des compositions originales qui sont aussi faciles à suivre qu’agréables à contempler globalement.

– La seconde réussite concerne une poignée de double pages très efficaces proposée par le trio d’artistes tout au long du récit. Ne se limitant pas à de simples splash pages, elles parviennent à faire progresser l’histoire tout en proposant des compositions équilibrées et très graphiques.

Mention spéciale notamment à la partie montrant les combats de Shang-Chi avec les guerriers des autres clans des TREIZE CHAMBRES. Si la première double page montre le héros en difficulté dans chaque affrontement, la suivante révèle comment il finit par riposter et vaincre à chaque fois.

Au final, BATTLEWORLD : MASTER OF KUNG FU est une mini-série graphiquement agréable qui a surtout pour qualité de proposer un univers original dans lequel on s’amuse à retrouver les versions remasterisées de héros connus de l’univers MARVEL. Je regrette que Marvel n’ait pas voulu poursuivre cette aventure car l’exploration graphique des autres écoles d’arts martiaux aurait sans doute était intéressante. On peut cependant se rabattre sur la série THE IMMORTAL IRON FIST (Ed Brubaker / David Aja) qui proposait un concept assez proche.

Et vous, avez-vous lu cette mini-série ? Qu’en avez-vous pensé ? Dites-moi tout en commentaires !