The Mighty Thor – Par Walter Simonson


Le talentueux scénariste et dessinateur Walter Simonson arrive sur Thor au numéro 337 et va signer un run qui reste parmi les plus cités et appréciés. Sur presque 50 épisodes, il va mettre sur le chemin du dieu du tonnerre des épreuves mythiques (la détérioration de son corps) et rocambolesques (sa transformation en… grenouille ! ). Il va aussi donner naissance à Beta Ray Bill et proposer un relooking de Thor tout en armure étincelante et puissante. Pourtant, le style de Walter Simonson ne plait pas forcément à tout le monde et, moi-même étant jeune, je n’en étais pas fan. Mais aujourd’hui, avec le recul et un peu d’attention, il est plus facile d’en voir les qualités.


Thor par Walter Simonson

Ce que j’aime

Bien que je n’ai pas encore fini tout le run de Simonson sur le personnage, j’ai déjà été marqué par la dimension épique de ses planches. Il y a comme une rage guerrière permanente qui sous-tend chaque case : les traits y sont épais, pas très clean ou élégants. Les cadrages semblent toujours trop étroits, donnant l’impression que les personnages et les scènes essaient de les dépasser, de les exploser. Il y a aussi de nombreux effets d’énergie d’impacts ou de débris qui viennent accentuer le moindre affrontement.

Enfin, le monde dépeint par Simonson parait toujours brutal, sauvage, aux portes de la barbarie. Même son Thor version grenouille nous a l’air dangereux et plein de furie ! Hasard ou pas, il plane, tout au long d’une grande partie de ce run, la menace d’une puissance maléfique qui prépare son arrivée et la destruction du monde (voire de l’univers). Et ce sentiment de fatalisme intégré dans l’histoire m’a paru transpirer dans les pages à travers les visages marqués des personnages, les décors usés et les corps déformés.


Ce que j’aime moins

Le revers de la médaille de ce style graphique plein de bruit et de fureur est que l’oeil n’est pas forcément flatté. Simonson propose des rendus des personnages avec des proportions ou des visages qui sont parfois irréguliers et peu esthétiques. Sans être caricaturaux, les traits des faciès ne sont jamais très gracieux, y compris chez les personnages féminins. Le côté rugueux de son style rend certains de ses dessins presque confus et on n’est pas forcément aidé par l’encrage et les épaisseurs de ligne.

Le storytelling me semble aussi parfois à la limite de la confusion. Il est généralement classique, lisible, avec quelques bonnes idées de pages impactantes et des découpages peu répétitifs. Mais la sensation que j’évoquais plus haut au niveau des cadrages donne des fois l’impression que l’artiste n’a pas choisi le meilleur angle pour la scène ou bien qu’il a mal ajusté ses personnages dans le cadre. Rien de bien grave en soi et rien qui ne gêne vraiment la narration. Mais à l’exception de quelques splash pages, je ne pense pas que beaucoup de lecteurs (modernes, notamment) se pâmeront devant l’esthétique pure des planches de Walter Simonson.


VIDEO – Analyse des pages de Walter Simonson sur Thor (avec Guile !)