The Mighty Thor – Ron Frenz


Peut-être davantage connu par les lecteurs quadra pour son passage mémorable sur Spider-Man, l’artiste Ron Frenz a aussi marqué l’histoire de Thor. En illustrant notamment l’arc de « The Black Galaxy saga », le dessinateur a livré des planches incroyables, faisant passer le fils d’Odin des vastes espaces cosmiques peuplés des gigantesques Célestes aux rues de New York dévastées par le Juggernaut (le Fléau en VF).


Thor par Ron Frenz
Thor par Ron Frenz

Ce que j’aime

Conscient qu’il marche sur les traces du grand Kirby, Ron Frenz va respectueusement évoquer le style du maître tout en insufflant sa propre patte plus moderne (à l’époque) des 80s. Du King, il garde, par exemple, l’approche de certains designs, que ce soit pour les technologies de science-fiction ou pour les accessoires et costumes de fantasy. Il veille aussi à donner aux affrontements un impact que n’aurait sans doute pas renié le grand Jack.

Mais Frenz y ajoute à chaque fois son propre style et ne donne jamais l’impression de singer Kirby. Ses combats sont ainsi un peu plus violents, ses anatomies plus réalistes et ses décors urbains et contemporains plus proches du New York des années 80. Ron Frenz offre ainsi une hybridation réussie entre le style graphique fondateur des aventures de Thor et son propre coup de crayon qui se situait alors dans la lignée des dessinateurs types de cette époque (Georges Perez, John Byrne, etc.).


Ce que j’aime moins

Je mentirais si je disais que le style graphique de Ron Frenz sur Thor supporte le poids des ans. Si elles demeurent techniquement irréprochables et efficaces, notamment dans leur découpage clair, ses planches trahissent l’époque à laquelle elles ont été dessinées. Si cela a un petit côté Madeleine de Proust pour des vieux fans comme moi, je doute que cela attire des lecteurs de comics modernes.

Et c’est sans doute, finalement, cette hybridation entre son style et celui de Kirby qui le pénalise. Car la patte graphique du King est si unique, si étrange, si conceptuelle, qu’elle semble traverser le temps en restant un ovni inimitable. La « couche » plus classique et personnelle de Frenz a alors, pour effet, selon moi, d’enlever de cette singularité Kirbienne pour ancrer le dessin dans son époque (et donc le dater.).


VIDEO 1/2 – Analyse des pages de Ron Frenz sur Thor


VIDEO 2/2 – Analyse des pages de Ron Frenz sur Thor